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Les droits de l'homme s'arrêtent la ou commencent ceux des affaires

Réforme des retraites: Des propositions gouvernementales qui ne plaisent pas aux Français

Un peu « contraint et forcé » par les révélations du secrétaire général de l’UMP, et après avoir essayé de nous convaincre sur France Info que, et par la voix de Luc Chatel, porte parole du gouvernement: «Il s’agit de prendre le temps de la concertation (…) aucune décision n’a été prise», Eric Woerth a annoncé, mardi 25 mai, que le gouvernement allait "agir" sur l’âge légal de départ à la retraite, en le reportant, selon Les Echos , à «62 ou 63 ans». La durée de cotisation qui était de 41 ans en 2012, passerait à 41,5 ans en 2020 puis à 42 une dizaine d’années plus tard.

Bref nous nous dirigeons vers le «travailler plus longtemps pour gagner moins», comme le déplore Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, dans les colonnes de Libération

Pour Benoît Hamon, porte-parole du PS "Les masques sont tombés…la réalité la plus forte liée aux conséquences de la mise en œuvre de la réforme que le gouvernement annonce, est la baisse inéluctable des pensions…il y aura inéluctablement une baisse de pensions si vous repoussez l’âge légal du départ à la retraite et vous allongez la durée de cotisation".

Laurent Joffrin , dans son éditorial « Conquêtes », après avoir rappelé que "La retraite à 60 ans figura surtout parmi les trois grandes revendications du syndicalisme français unifié en 1897 sous le sigle de la CGT, avec la journée de 8 heures et la hausse des salaires », souligne à juste titre que "si l’on touche à l’âge légal, ce qui semble décidé, on aura fait tourner à l’envers la roue du progrès social."

A ce stade, il est important de rappeler que ceux qui vont être le plus durement touchés par cette réforme, seront les ouvriers et les employés qui sont environ 100.000 chaque année à faire valoir leurs droits à la retraite (soit environ 15% des départs en retraite). Comme le souligne l’économiste Jacques Bichot, dans une interview avec le journal 20minutes, L’essentiel des cadres et des fonctionnaires ne sont pas vraiment concernés parce qu’en général, ils partent déjà plus tard que l’âge légal en retraite.

Au final cette réforme enfin dévoilée, malgré les efforts du gouvernement pour nous convaincre qu’il a fait le bon choit, est très loin de faire l’unanimité.

Selon le baromètre BVA pour France Info, Absoluce et Les Echos (Sondage réalisé par téléphone les 21 et 22 mai auprès d’un échantillon de 1.005 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas.) publié mercredi:

– plus d’un Français sur deux (53 %) estime que le système de retraites peut perdurer sans allonger la durée d’activité.

– 57 % des Français restent attachés à la retraite à 60 ans.

Après explication des projets de réforme des retraites présentés par le gouvernement et le PS:

– 59 % des personnes interrogées jugent le projet socialiste "plus juste",

– 57 % des personnes interrogées jugent le projet socialiste "meilleur",

– 47 % des sondés le jugent le projet socialiste aussi le plus crédible,

– 42 % des sondés jugent le projet socialiste "le plus efficace à long terme".

Plus généralement, 67% des sondés qualifient la politique économique menée actuellement par le gouvernement, de "mauvaise" . Il ne sont que 28% à la trouver "bonne".

Sachant que jeudi 27 mai 2010, 6 syndicats appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations pour peser sur la réforme des retraites, il devient alors facile de comprendre pourquoi François Fillon, lors de la réunion du groupe UMP à l’Assemblée, a déclaré, selon Le Figaro: "On rentre dans le dur avec la mobilisation de jeudi"!

Il paraît désormais évident que seule une mobilisation très forte, jeudi 27 mai, peut faire obstacle à un passage en force du Gouvernement. Sinon, on peut se demander si après le système retraite, il ne s’attaquera pas à un autre acquis social: Les congés payés!

Les lieux de rassemblement:

Sources: Le Parisien ; Le Figaro ; Le Monde ; Libération ; 20minutes

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Réforme des retraites le grand silence sur l’état des lieux

La réforme des retraites est probablement l’un des plus gros projets auxquels le gouvernement va être confronté. Il est également pour chacun d’entre nous la clé de vieux jours sereins et heureux. Malheureusement nous sommes une fois exclus de ce débat qui nous concerne au plus haut point! Pire encore, personne ne pense à nous donner les tenants, les aboutissants de ce qui nous est présenté unanimement comme un problème.

Faisant l’impasse sur une information sur le fond du dossier des retraites, la plupart des "discoureurs", experts ou politiciens, qui s’expriment actuellement sur le sujet, ne l’abordent qu’en le qualifiant de problème ou en donnant leur solution.

Ce qu’en disent les acteurs sociaux

Dans une interview du Journal du dimanche, le 13 Février 2010, Laurence Parisot, présidente du Medef, a exhorté à accepter un changement de l’âge légal de départ à la retraite. À son avis :"ce relèvement de l’âge légal" entraînera une hausse du taux d’activité des seniors, comme tout le monde souhaite. ". Ce " comme tout le monde souhaite" au regard des sondages est FAUX. Elle n’hésite pas à avancer un autre argument FAUX: L’espérance de vie approche les 100 ans," . Question financement, "le maintien du régime par répartition mais complété par un système de retraite par capitalisation" ont sa préférence.

Elle se prononce, d’après Le Figaro contre l’idée de François Fillon de relever les cotisations retraite et, en contrepartie, baisser les cotisations chômage. Augmenter les cotisations retraite, selon elle, "alourdirait à nouveau les charges des entreprises et réduirait le salaire net des salariés".

La "profession de foi" de Laurence Parisot trahit la problématique que représente, en termes de productivité, 30 à 40 ans sans travailler , financé sans rapporter d’argent au patronat. Perspective intolérable pour ceus qui entende bien rentabiliser, profiter de la productivité de leurs concitoyens. Tout cet "argent potentiellement perdu" pourrait les rendre fou. (Intégralité de cette interview dans Le Journal du Dimanche)

Plus axée sur la stratégie de négociation,Bernard Thibault ,au nom de la CGT, s’inquiète davantage du timings des négociations que du contenu de ces dernières. Il est donc facile au président de la république de le rassurer en promettant, le 24 mars 2010 de "ne pas passer en force" mais en assurant que la réforme des retraites sera adoptée "dans les six mois". Il a justifié cet agenda par le fait que : "compte-tenu du temps que les mesures que nous prendrons mettront à produire leur plein effet, si nous voulons sauver le système de retraite, nous ne pouvons plus différer les décisions".

Jean-Claude Mailly, du syndicat Force ouvrière, affirme, d’après le journal Le Monde que. "Jamais nous ne transigerons sur l’âge légal de départ en retraite et sur l’allongement de la durée de cotisation. Nous n’hésiterons pas à aller à l’affrontement sur ces deux questions".

Plus globalement, il semble que côté syndicats le maintien de l’âge de départ à la retraite à 60 ans soit une revendication centrale : " Reporter l’âge ou augmenter la durée de cotisation (…) conduirait les salariés à travailler sans fin». Abordant l’aspect financier du problème de financement des retraites Jean-Claude Mailly propose de récupérer " 25 milliards d’euros» de recettes par an en augmentant d’un point les cotisations vieillesse ou en taxant l’intéressement et les bénéfices non réinvestis."

On voit donc déjà, à la lecture des positions des principaux acteurs sociaux qu’il n’est question que de solutions, de timings, mais jamais, où très rarement de l’état des lieux exhaustifs, ce qui rend extrêmement difficile pour tout un chacun la compréhension des enjeux, de la gravité du problème.

Voyons ce qu’en disent les différents leaders politiques de droite comme de gauche.

A aucun moment, lors du sommet social du 15 février 2010, le chef de l’État n’a donné d’éléments de diagnostic pour justifier de la nécessité de réformer les systèmes de retraite. Il n’en avait d’ailleurs pas donné non plus lors de la campagne présidentielle! Il s’est contenté des banalités d’usage prétendant souhaiter«un débat approfondi, qui ne s’enlise pas, qui ne s’éternise pas mais qui prendra le temps qu’il faut»

François Fillon affirme dans un entretien au Figaro que la question de la hausse des cotisations sera "posée" à l’occasion de l’examen de la réforme des retraites. Il écarte "une remise à plat complète" du système.

Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’assemblée nationale, interrogé sur la réforme des retraites lors du Grand Rendez-Vous Europe 1-Aujourd’hui en France, considère que l’âge de 60 ans, pour un départ à la retraite, est une barrière.

Eric Woerth partage l’approche comptable de Jean-François Copé et considère que cette réforme est nécessaire et obligatoire pour « revenir à un niveau de déficit plus soutenable ».

Mis à part des "yaka fokon", rien, dans les propos des principaux responsables gouvernementaux, n’est dit pour que nous comprenions les tenants et les aboutissants, les enjeux pour nous de cette réforme des retraites.

Hélas, ce ne sont pas les leaders de l’opposition qui vont nous éclairer.

Olivier Besancenot , porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a appelé les responsables des partis de gauche à "monter un collectif unitaire pour défendre la retraite à 60 ans".

Jean-Luc Mélenchon fondateur du Parti de gauche à déclaré "Je mets en garde solennellement le risque qu’il y a pour ce pays que les gens votent et que cela n’ait aucune espèce d’importance. Ça, ça nous mène tout droit dans le mur. Ce n’est pas comme cela qu’on dirige une grande démocratie"

Au parti socialiste, Martine Aubry interrogée au «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI» sur un éventuel report de l’âge légal de la retraite, se déclare pour une retraite « à la carte », est dit envisager "un âge légal de départ porté à 61 ou 62 ans". Mais devant le tollé provoqué par ses propos , elle "rétropédale" et a depuis réaffirmé son attachement à la retraite à 60 ans.

Le journal du dimanche rapporte que Jean-Christophe Cambadélis a déclaré , sur Radio J: "le rôle de la gauche n’est pas de nier les changements démographiques, ni cacher l’ampleur des déficits". Pour lui il n’y a "pas de sujet tabou" sur la réforme des retraites, même sur l’allongement de l’âge minimal de départ . Jouant la "guerre des gangs internes" et prenant à contre-pied Manuel Valls, député-maire d’Evry qui, dans une interview au Monde annonçait "La gauche peut défendre une retraite à la carte et l’allongement de la durée de cotisation… à quatre conditions: augmentation du taux d’activité des seniors, prise en compte de la pénibilité, élargissement de l’assiette des cotisations et relèvement des petites pensions", Jean-Christophe Cambadélis estime qu’il faut "que les banques, les compagnies d’assurance qui font des bénéfices participent à la solidarité nationale et à la solidarité sur les retraites".

François Hollande, s’exprimant sur Canal+,dimanche 28 mars, reconnaît qu’"il faut une réforme des retraites". "Il va falloir des mécanismes: sans doute faut-il allonger la durée des cotisations à mesure que l’espérance de vie s’allonge". Il souhaite cependant que ce ne soit pas "une réforme pour toute la vie. On peut très bien, tous les cinq ans, regarder ce qu’est l’espérance de vie et la pénibilité pour les métiers – parce que ça change – et puis on fixe des règles qui s’appliquent en fonction de la durée de vie".

Voilà, avec tout ça, on a ceux qui veulent allonger la durée de cotisation, ceux qui veulent qu’on travaille plus longtemps, ceux qui veulent combler le déficit, ceux qui veulent que les vieux bossent encore et toujours plus, bref, ceux qui veulent que NOUS fassions, plus, avec moins, comme d’hab. Mais aucuns, vous pouvez aller lire tous les articles en liens, aucuns ne prend la peine de nous dire pourquoi, comment et à cause de qui nous en sommes arrivé là, sur quelels données émanant de qui ils fondent leurs affirmations!

Moi ça me dérange énormément. pas vous?

En savoir plus:

Données statistiques sur la démographie et l’espèreance de vie

Rapport du COR « Retraites : annuités, points ou comptes notionnels

Sources:L’Express; Le JDD ; Le NouvelObs ; Le JDD ; Le Figaro ; Le Monde; Libération ; Europe1 ;LCI ;

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